La Vie des hommes infâmes. Film de Gilles Deroo et Marianne Pistone (2022)
Critique : La Vie des hommes infâmes
par Fabien Lemercier, Cineuropa, 07/07/2022
Gilles Deroo et Marianne Pistone sculptent une œuvre de fiction passionnante, riche et subtile sous son austérité apparente, sur les frontières de la norme sociale et de la nature humaine
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Dévoilé hier en première mondiale dans la compétition internationale du 33e FIDMarseille, La Vie des hommes infâmes de Gilles Deroo et Marianne Pistone, le second long du duo français après Mouton [+] (prix spécial du jury Cineasti del presente et prix du meilleur premier film à Locarno en 2013)
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“Sa folie a toujours été de se cacher à sa famille, de mener à la campagne une vie obscure, d’avoir des procès, de prêter à usure et à fonds perdus, de promener son pauvre esprit dans des routes inconnues et de se croire capable des plus grands emplois.” La préface d’un livre jamais concrétisé par le philosophe Michel Foucault sur les personnalités singulières dénoncées par leurs proches, recherchées par la police, embastillées et mises au ban du monde, sert de fil conducteur à une intrigue tissée par fragments par les deux cinéastes dans un style dépouillé extrêmement maîtrisé (avec un très impressionnant travail de déplacements posés de la caméra ou des personnages dans les petits espaces), quasi pictural et néanmoins toujours profondément incarné, qui réussit à façonner une atmosphère progressivement captivante.
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“His madness has always been to hide from his family, to lead an obscure life in the country, to have lawsuits, to lend usuriously and recklessly, to walk his poor spirit upon unknown paths, and to believe himself capable of the very greatest works.” The preface of a book which never came to fruition by philosopher Michel Foucault, homing in on unique characters who were denounced by their loved ones, tracked down by the police, imprisoned and then outcast, acts as a guiding thread to a story crafted piece by piece by the two filmmakers, in a stripped-back and highly controlled style (with an incredibly impressive exploration of movement, both by the camera and the characters in small spaces) which verges on pictorial but is always deeply embodied, and which manages to create an increasingly captivating atmosphere.