Eric Sergent, Les cimetières sont aussi des lieux de vie, The Conversation, October 22, 2021
S’il est évidemment le lieu où l’on inhume les morts, le cimetière est aussi un espace fort ambigu, que chacun investit de significations diverses, sans parvenir toujours à les formuler clairement. En témoignent les mots d’Edmond Texier qui, dans son Tableau de Paris, décrit l’impression qui étreint le visiteur pénétrant dans un grand cimetière urbain, le cimetière du Père-Lachaise en l’occurrence :
« Quand on a franchi ses portes funèbres, où sont inscrites des paroles d’espérance, la disposition de tristesse, de dévotion et de recueillement sévère que l’on apportait cède à une impression première plutôt agréable qu’attristante. »
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Michel Foucault voit en ce lieu une illustration parfaite de son concept d’hétérotopie, c’est-à-dire un « lieu autre […] en liaison avec l’ensemble de tous les emplacements de la cité, ou de la société […] ». Le cimetière concerne chacun, il assure et matérialise le lien entre morts et vivants, lien entretenu par la visite au cimetière.
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