Jonathan Fanara, « La Machine ne ferme jamais les yeux » : techno-surveillance, Le Mag du Ciné, 6 juin 2021
Dans La Machine ne ferme jamais les yeux (Delcourt/Encrages), Yvan Greenberg, Joe Canlas et Everett Patterson se penchent sur les technologies de surveillance et la manière dont nos données privées sont exploitées de manière croissante. Pour ce faire, ils transitent par le FBI, la NSA, le maccarthysme ou encore les nouvelles technologies.
Edward Snowden et Olivier Tesquet l’ont chacun verbalisé à leur manière : les technologies de surveillance prennent une importance souvent insoupçonnée dans nos existences. L’ancien employé à la NSA a démontré à quel point les gouvernements et leurs agences de sécurité pouvaient s’immiscer dans l’intimité de leurs concitoyens. L’essayiste français a quant à lui énoncé les fondements d’une vie privée rabotée par les caméras de surveillance, les drones, les applications mobiles, la capture des données numériques ou encore des objets devenus anodins comme Google Home ou l’Apple Watch. La Machine ne ferme jamais les yeux nous plonge aux sources bibliques et historiques (Judas, le cheval de Troie…) de la surveillance, puis radiographie son extension progressive jusqu’à la situation actuelle, où le commercial, le technologique et le politique concourent sans distinction à notre mise à nu.
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L’objet de l’album outrepasse néanmoins ces seules questions, puisqu’on y assiste par exemple à la rencontre fictive entre George Orwell, père de la novlangue et de Big Brother, et Michel Foucault, tirant notamment de la surveillance panoptique de Jeremy Bentham toute une série de vocables et d’expressions censés témoigner de réalités sociologiques nouvellement établies et étayées (parfois par ses propres soins).
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