Sylvain Lafleur (ed), Foucault à Montréal réflexions pour une criminologie critique Les éditions de la rue Dorion (2021)
En 1976, Michel Foucault participe à une conférence organisée par l’Office des droits des détenus de concert avec l’École de criminologie de l’Université de Montréal. Il y présente ses réflexions sur l’usage des peines de substitution à l’incarcération qui, pour plusieurs, témoignent d’une tendance à l’adoucissement des punitions et présagent la disparition de la prison. Doutant que les sociétés qui y ont recours soient plus tolérantes, Foucault croit, au contraire, que l’utilisation des peines alternatives est symptomatique de l’extension d’une « société policière » qui ne ménage pas les efforts pour fabriquer des délinquant·s et punir les personnes faisant l’objet d’un ressentiment politique et populiste, qu’elles soient pauvres, migrant·es ou marginales.
Dans « Alternatives » à la prison : diffusion ou décroissance du contrôle social – allocution méconnue et longtemps oubliée enfin restituée ici –, Foucault s’interroge sur la logique soutenant la surveillance accrue des personnes et annonce la transformation de la société en prison ouverte. L’auteur de de Surveiller et punir doute que l’imposition de sanctions non carcérales témoigne qu’une rupture avec l’emprisonnement est survenue et suppose que le recours aux mesures probatoires et à la surveillance policière s’intensifiera avec le temps.
Près d’un demi-siècle plus tard, qu’en est-il des perceptions de Foucault ? L’imposition de peines de substitution participe-t-elle à dématérialiser l’architecture pénale ? Vivons-nous dans une société moins tolérante aux « inconduites » ? Quelle raison pénale marque notre contemporanéité ? Comment fabrique-t-on des délinquant·es aujourd’hui ?
Constitué d’entretiens avec les organisateurs de la conférence de Michel Foucault, Jean-Claude Bernheim et André Normandeau, et de spécialistes du contrôle social et de la criminalité, Jade Bourdages, Tony Ferri et Anthony Amicelle, Foucault à Montréal répond à ces interrogations et porte un regard critique sur la judiciarisation croissante des rapports sociaux.
Also published in a shorter version « Alternatives » à la prison Éditions Divergences (Paris), 2020
Que penser des «alternatives» à la prison? À l’occasion d’une conférence donnée à Montréal peu après la publication de Surveiller et punir, Michel Foucault avance l’idée que les sanctions «alternatives», loin de rompre avec l’emprisonnement, reviennent bien souvent à étendre les murs de la prison à toute la société. En effet, le progressisme pénal semble aller de pair avec le développement des techniques de surveillance. Devant les transformations pénales, la bonne question est donc la suivante : font-elles décroître le contrôle social ou contribuent-elles à l’étendre et à le diffuser ? En une époque où le confinement et la surveillance ne concernent plus seulement les prisonniers mais toute la population, la lecture rétrospective d’« Alternatives » à la prison suscite de nombreuses interrogations. Des textes de Sylvain Lafleur, Tony Ferri et Anthony Amicelle viennent actualiser ces analyses. Un ouvrage dirigé par Sylvain Lafleur.