Judith Revel, (2017). Lire Foucault à l’ombre de Heidegger. Critique, 836-837,(1), 53-65.
https://doi.org/10.3917/criti.836.0053
Premières lignes
On conviendra qu’il y a, à l’origine des travaux de Giorgio Agamben, l’influence marquée de Martin Heidegger. À deux reprises, en 1966 et en 1968, Agamben est présent au Thor pour suivre les séminaires que Heidegger consacre successivement à Héraclite et à Hegel. L’ ombre portée de la pensée heideggérienne sera dès lors patente dans ses travaux. De cela deux exemples. Le Langage et la mort, publié en Italie quatorze ans après le séminaire du Thor, en 1982, est un livre qui se présente à son tour comme le produit d’un séminaire, consacré au problème du langage et de la négativité, et qui est entièrement construit à partir d’une confrontation entre Hegel et Heidegger. Stanze, publié cinq ans auparavant dans la péninsule, s’ouvrait sur la dédicace Martin Heidegger in memoriam – et sa dernière phrase redoublait l’hommage : « Fidèles en cela à l’intention apotropaïque pour laquelle, à l’aube de la pensée grecque, signifier signifiait dire sans rien recueillir ni rien cacher, nous ne pouvons que nous approcher de ce qui doit, pour le moment, demeurer à distance. »