Interview non montée de Michel Foucault.
Update September 2025: This was previously available on the Institut national de l’audiovisuel (INA) site (for payment) but is no longer there. I have retained the information below. The text of this interview is now available here Michel Foucault, Entretiens radiophoniques 1961-1983, Flammarion/Vrin/INA, 2024
Interview de Michel FOUCAULT par un journaliste non identifié à l’occasion de la sortie de son livre “Les mots et les choses”. Il s’agit d’une interviewe non montée ce qui explique qu’à certains moments Michel FOUCAULT reprend ses propos ou que le journaliste lui repose une question. Ceci n’enlève rien à la qualité de sa réflexion.
– Ce qui caractérise notre civilisation occidentale, c’est qu’elle fait à l’homme la part la plus importante… les découvertes qui depouillaient l’homme de sa souveraineté (DARWIN, COPERNIC et FREUD) lui donnaient les instruments techniques qui le dépouillait de sa souveraineté. Il n’en reste pas moins que toutes ces sciences lui ont aussi mis entre les mains toute une série d’instruments techniques qui lui ont permis de reconstituer sa souveraineté sur la nature. Tout ceci est un extraordinaire pré-supposé. L’homme, n’a pas toujours été la principale préoccupation; il y a eu les dieux, la nature et le cosmos à l’âge grec, à l’époque classique c’était la vérité et les mathématiques, l’ordre du monde. L’homme lui-même est né avec le XIXème siècle.
– A 5’30”, Michel FOUCAULT décrit les événements qui ont présidé à cette naissance… qui ont permis de définir un être concret : parlant, travaillant et vivant… “l’homme est placé au milieu des connaissances, il est né au milieu du savoir et non le savoir au milieu de l’homme”.
– A 8’16”, Michel FOUCAULT se défend d’avoir voulu écrire ni une histoire de l’homme, ni une histoire des connaissances humaines… mais de même qu’il y a un inconscient des conduites individuelles (FREUD) et des conduites collectives (DURKHEIM, LEVI STRAUSS), il y a un inconscient de la science et du savoir…
– A 10’00 : A la fin du XVIIIème siècle, les découvertes (philologie (langage), biologie (vie), économie politique (travail) ont été faites dans un ordre dispersé mais cohérent, prouvant une structure commune. “Si on arrivait a retrouver l’interstice qui existe, qui circule entre toutes les sciences (humaines… de la nature… sciences exactes) tout le système de la simultanéïté de notre savoir moderne serait éclairé”.
– A 12’26 : le journaliste repose la question précédente et Michel FOUCAULT reformule sa réponse.
– A 15’54”, les “Menines” de VELASQUEZ. Pourquoi il a choisi ce tableau : modèle réduit de l’histoire qu’il a voulu retracer… il décrit ce tableau et explique pourquoi il est significatif du XVIIème siècle.
– A 19’11” : le devoir actuel de l’honnête homme : c’est se désenchanter de lui-même.
– A 20’50”, arrêt au milieu d’une phrase et reprise de toute la réponse plus complète, cette fois.
– A 21’08 : L’honnêteté de l’homme des siècles passés… aujourd’hui, l’honnêteté c’est de savoir à l’intérieur de quels systèmes de connaissances, il est pris lui-même… et à se mettre aux ordres d’une connaissance et d’un savoir qui le débordent… nous devons nous affranchir de l’humanisme “grande perversion de toutes les connaisances…notre Moyen-âge à l’époque moderne c’est l’humanisme”. (terme inventé au XVIIIème siècle).
– A 23’40”: Michel FOUCAULT explique qu’en se débarrassant de l’humanisme nous découvrirons ce qui se passe, c’est-à-dire la disparition de l’homme. Le monde du savoir change sous nos yeux. Les découvertes des sciences humaines ne découvrent pas l’homme mais des structures plus larges que l’homme, des formes de pensée pas encore maitrisées par notre conscience individuelle. Le structuralisme actuel, est la découverte de cet arrière-fond de pensées anonymes, à l’intérieur duquel les hommes se trouvent pris.
– A 25’11 : Par conséquent en découvrant ces structures universelles auxquelles nous sommes soumis, les sciences humaines découvrent un réseau fatal à l’intérieur duquel l’existence humaine se dissoud… nous vivons maintenant la mort de l’homme à l’intérieur de notre savoir.
– A 25’55 : Michel FOUCAULT résume le rôle de l’homme en une phrase : “Le rôle de l’homme est maintenant de savoir que l’homme est mort”.