Érik Bordeleau, Foucault anonymat, Le Quartanier 2012
Il y a un rapport fondamental dans l’œuvre de Michel Foucault entre résistance politique et expérience de l’anonymat. Ce rapport est demeuré peu exploré, en particulier dans le contexte de sa réception nord-américaine. difficile d’en expliquer le pourquoi. on peut certainement supposer que la célébration de la « différence » et le triomphe de la politique de l’identité ont contribué à l’occultation de cette dimension essentielle de son œuvre.
Plusieurs critiques ont souligné l’ambiguïté du lieu de la résistance chez Foucault. il en était parfaitement conscient. Pour lui, il n’y a pas « d’ailleurs » du pouvoir au sens d’un dehors comme d’une exception. Sa pratique de l’écriture témoigne d’une mise en jeu de tous les instants, là même où le pouvoir nous intime secrètement : la résistance implique une mise en tension éthopoïétique qui déchire l’intériorité privée.