Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (xie-xiiie siècle). Aux origines canoniques du biopouvoir », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 21 | 2011, URL : http://traces.revues.org/5128
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Le modèle contagionniste d’explication de certaines maladies physiologiques, mais aussi des mouvements collectifs et de la criminalité, a vu ses fondements théoriques consolidés au xixe siècle avec l’identification médicale de germes pathogènes d’une part, la répression du monde ouvrier, l’émergence de la science criminologique, et la psychologie des foules, d’autre part. Ce modèle a porté ses fruits bien au-delà de la seconde moitié du xixe siècle, mais les multiples usages du terme « contagion » extérieurs au champ lexical de la médecine – que l’on pense au paradigme épidémiologique de la philosophie cognitive ou à la virologie qui innerve les sciences de l’information et de la communication – sont aujourd’hui considérés comme métaphoriques (Cheyronnaud et al. éd., 1998). L’idée même de transmission du mal par contact n’est pourtant pas issue de la science médicale. Si le modèle contagionniste a sans doute pris force au xixe siècle et a trouvé dans les dispositifs biopolitiques du…